Etape10 : Lourdes (65) – Navarrenx (64)84 km
Lourdes (Hautes-pyrénées) – Navarrenx (Pyrénées Atlantiques)
Samedi 11 Août : Le miracle aurait-il lieu ? Au réveil les sensations sont mitigées, l’inflammation est toujours présente, reste une question : quelle sera son évolution en cours de journée ?
Km 713 Lourdes, 4 h 30, départ avancé car celle-ci s’annonce très compliquer et longue. La sortie de la ville étant distant de 3 km, j’appréhende l’instant de devoir appuyer sur le « stater », alors j’attends la sortie de Lourdes histoire de faire un tour de chauffe ! Arrive l’entrée du centre ville, je devrais dire « du vrai Lourdes » car jusqu’ici ville banal, avec ces enseignes où corridor marchant, d’ailleurs une commission planche sur : Un projet de requalification d'entrées des villes… pas trop tôt ! Heureusement que j’ai traversé que des petits bourgs tous différents des uns et des autres.
Km 715 : Lourdes centre, L’inexplicable ! A hauteur du pont du chemin de fer, je dois suivre la direction de Pau, Peyrousse St Pré de Bigorre et Lestelle, Sauf que là on m’indique uniquement Pau par la D940 et Betharram. Mon book m’indique de suivre la D937, direction Pau sur 17 km par le Gave de Pau. Il n’en fallait pas tant pour provoquer un état de stress, entraînant une accélération du rythme cardiaque, une hausse de la pression artérielle, l’incident que je redoutais le plus, aussitôt je suis « scotcher au sol par des crampes aux mollets » m’obligeant à l’arrêt. Le paradoxe est que je ne panique pas, je veux croire que ces crampes sont simplement dues à cette émotion. Après consultation de ma carte, je réalise mon erreur : en faite le début est commun sur 2 où 3 kilomètres et c’est ensuite qu’intervient la bifurcation de Pau par la D940 et Pau par la D957 via Lestelle/Betharram, impardonnable, je savais que cette sortie risquait d’être ambigu, mais à ma décharge je n’ai pas voulu me mettre une pression supplémentaire la vieille en décortiquant ma route.
Km 717 : D937, C’est une alternance d’arrêt et de marche qui jalonne ce début d’étape. Je reste persuadé que si je reste calme et patient cela va finir par passer ce n’est pas possible autrement.
J’affectionne ce court instant où je passe de la lumière… publique à l'obscurité totale, je sens un apaisement où rien ne peut m’arriver… puisque je suis seul au monde avec mon faisceau lumineux. Au profit d’un faux plat descendant, j’arrive péniblement à trottiner et dans mon fort intérieur se savoure cette victoire… je le savais, j’peux pas jeter l’éponge à cause d’une « bévue » aussi grossière.
Km 717 à 730, La galère ! Je m’arrive pas à courir plus de 100 m, même en marchant je me dois de m’arrêter, voir m’appuyer contre le muret qui longe cette route… Et pourtant que cette vallée du gave de Pau est plaisante malgré un petit voile, qui m’empêche de profiter pleinement de la beauté des lieux. A St Pé-de-Bigorre, il y avait à l’entrée un banc sous un arbre, j’arrête… à quoi bon je me suis dis, tu as 84 km à faire et à ce rythme tu vas finir demain ! De peur de prendre froid je poursuivi ma route et je n’aurait pas à le regretter.
Km 730 Lestelle-Bétharram : Lieu culturel et spirituel ce sanctuaire marial du XVIIème siècle est un chef d’œuvre unique de l’art Baroque en Béarn. On rapporte que la vierge y sauva une jeune fille de la noyade du Gave en lui tendant un rameau sous le pont. Bétharram signifiant en Béarnais rameau. Il est aussi rapporter que Bernadette Soubirous y venait souvent. Quand à moi… j’en garde le souvenir d’un vieux pont en pierre à une seule arche datant de 1615… site impressionnant.
Km 733 : Asson, Je délaisse la route de Pau pour celle du Soulor et l’Aubisque…j’vous rassure je bifurquerai avant !
Km 742 : Mifaget-Capbis, Les contractures se dissipent, le ciel reste couvert et chaque impact au sol noircisse le tableau. Au point que je stoppe la voiture dès son arrivée … la colère est proche, mais je veux y croire, me battre encore et toujours. Joëlle m’applique une fois de plus de la glace sur la douleur, je prends pour la première fois un anti-inflammatoire avec un café, le lieux est sinistre… il est hors de question de jeter l’éponge ici !
Km 745 : L’effet anti-inflammatoire me permet d’aligner quelques foulées de plus … Quand EUREKA, me viens le souvenir d’une photo… je délasse ma chaussure et je rabat la languette de la chaussure vers l’avant, afin que celle-ci m’appuie pas sur le cou du pied. Effet psychologique où réelle solution… en tout cas cela me soulage et de permet d’engendrer des bornes.
Km 747 Pédestarres, C’est clopin-clopant que j’arrive à ce lavoir alors qu’un petit crachin commence à tomber. De souvenir, il est au environ de 11h30 et je n’ai pas encore effectué le marathon du jour ! La pause est très bref… 20 minutes le temps de m’enfiler un sandwich et un texto à JP, pour lui raconter mes déboires ! Je ne me souviens plus de sa réponse, mais certainement du genre « t’arrêtes pas et avance »
Km 753, Louvie-Juzon : L’épisode du début d’étape est une affaire classée, reste cette blessure car maintenant ce n’est plus une douleur, mais bien une blessure, la peau sur l’os du tibia est rouge… Comment la voulez-vous, à point où saignante !
C’est par une descente une fois de plus à forte pourcentage que j’entre dans le centre du village, de suite j’aperçois « ma p’tite bouille ronde » garé devant une pharmacie ! Joëlle en ressort avec une boite de « patch Voltarème » Aussitôt l’emplâtre est posé… et comme dans le slogan du laboratoire, l’effet est immédiat, la douleur est anesthésiée… néanmoins je repars en marchant comme St Thomas… je crois uniquement à ce que je ressens !
Km 755, Arudy, Erreur d’aiguillage… nous n’aurions pas dû rentrer dans le Bourg, résultat des courses 15 à 20 minutes de perdu. Il me reste encore plus de 40 kilomètres et je ne vois pas comment j’vais pouvoir finir cette étape avant la nuit ! Alors dans un sursaut d’orgueil, je mets à profit une légère descente pour me remettre à courir… la douleur ayant temporairement disparue, je peux de nouveau recourir, mais par prudence, j’alterne course/marche sur de très courte distance … c’est inespéré j’avale : Buzy, Buziet, Herrière.
Km 778, Oloron-St-Marie : Une étape de plus dans l’étape serai-je tenté de dire ! On se raccroche à tout ce que l’on peut … pour trouver la motivation d’avancer. A l’entrée je suivrai « toute direction » mauvaise pioche … je ferai les ¾ du contournement d’Oloron ! Ça m’apprendra de raccrocher … au nez de mon interlocutrice !
Me sentant capable de finir cette étape, je sais qu’en prenant cette décision la journée est loin d’être fini. Il me reste un semi à faire, au bas mot si tout va bien 3 hrs minimum … il est 17 h 30. Joëlle décide d’aller faire des courses, ce qui me permet de repartir « sereinement ». Psychologiquement, je coure plus libérer lorsque mon assistance est derrière tandis que devant je m’attends à la retrouver à chaque virage ! Mais devant, c’est aussi rassurant… au cas il y arriverai un pépin quelconque… surtout ne demander pas sa préférence !
Km 780, La douleur c’est faite oublié où plutôt la tête a fini par l’oublier, mais l’histoire aurait été trop belle ! De nouveau je subis, une barre le long de la cuisse me bloque au bout de 300/400 m de course, si bien que je suis obligé de me relâcher musculairement, quelques mètres de marche suffisent à décontracter le muscle. Mais ce p'tit jeu là... cela commence à me mettre les nerfs en pelote !
Km 784 : Géronce, J’ai le choix entre la traversée du village où prendre le contournement… devant la menace d’un d’orage, je prends le second, croyant certainement aller plus vite ! Cette fois, pas question de laisser partir mon épouse… j’veux pas déjà changer mon portable… il n’est pas encore rodé !
Km 789, 19 h 30, dernier ravitaillement de la journée à 10 kilomètres de l’arrivée, un p’tit coup « d’adrénaline » pour fini en beauté cette journée.
Km 799 : Navarrenx, Que c’est long un … semi en 3 heures et plus. Et cette bifurcation annoncée qui recul à chacun de mes pas… Je bouillonne, je peste, j’hurle ma colère… j’en ai marre de ne pas voir la fin de cette étape ! Et enfin… le panneau Navarrenx et ce orangina que l’on ne tend… pas pu attendre d’être arrivé, les remparts et ses étendards, son magnifique pont en pierre… et une bonne douche réparatrice, qu’il faut déjà penser au lendemain… dur la vie de coureur à étape !
Je ne me suis pas prêt d’oublier cette journée où je suis passé par tous les états d’âmes … Ce jour là, j'ai gagné ma plus belle des victoires... celle sur soi même et pas sur un adversaire.
Km : 84
Temps : 15 h 20
Moyenne : 5,600
Le regard porté en direction... de l'objectif !