Le guide & Millau 2008
C’est mon adjudant chef, en 1976 qui nous "en bassine" le premier… Quant à moi, j'attendrai 32 ans pour déguster ce copieux repas ! Si vous êtes un fin gastronome je suis désolé… le titre est trompeur….mais le jeu de mot était tellement tentant !
Le menu du jour que je vous propose, est inchangé depuis 1972… et il est prudent de réserver, car ce dernier est servi une fois l’an… Le dernier Samedi du mois de Septembre.
Il ne m’a pas été simple de prendre ce rendez-vous ! On ne rentre pas comme ça chez madame la doyenne, sans un minimum de savoir faire… Une question vous hante des jours et des nuits… Serrais-je à la hauteur ? Une fois la décision prise: un grand soulagement s’empare de vous. Et Juillet fini par arriver, et puis quand arrive le plat de résistance, je ne sais plus si l’appétit est toujours là. Mais c’est bien connu, l’appétit vient en mangeant. Devant ce menu bien garni, prendre du plaisir, prendre le temps de l’assimilation, et surtout en garder sous le pied ! Attention à ne pas se gaver, c’est tentant… Opter "pour le trou normand" de Septembre…ce dernier est crucial. Et c’est requinqué que j’aborde ce sprint final, où plus personne ne m’empêchera d’avoir la cerise sur le gâteau.
Au fait… "Vous prendrez du rouge où du rosé ?" "Excusez-moi …demain j’ai 100 kilomètres à courir, alors à plus tard..."
La course:
En passant le viaduc, je me remémore les 8 derniers mois de préparation. Combien de fois me suis-je vu passer ce viaduc ?
Après avoir passé des heures, des jours, à la recherche d’un plan de préparation, j’opte pour la méthode dite « Slaves » proposé par le site (Voir le lexique)
Cette méthode me plait, car elle est faite pour les coureurs inconditionnels, adeptes des chevauchées en solo et de l'effort long, ou qui répugnent à faire de la vitesse.
Comme support à cette prépa, j’ai fais une course horaire de 6h fin Juin. (Elle s’est faite dans la douleur… mais a été bénéfique pour la suite… Il devenait urgent d’appliquer la méthode Cyrano). Cette méthode m’a permis durant ma prépa d’éviter le gros coup de bambou !
Et repérage et visite de la région Aveyronnaise durant mes vacances. Si je devais donner un conseil: pas l’ombre d’un doute... s’entraîner sur les routes Aveyronnaises est un plus… et la ville est super sympathique.
Vendredi 26 Septembre 2008
’est en toute décontraction, que j’arrive à Millau. J’ai tout repéré… Rien ne m’a échappé. Seul l’accueil avec la «Famillau » (Forum de PlanetAveyron) me souci un peu… Mais finalement tout se passe comme si nous nous connaissions depuis toujours. (Voir l'album photo)
Samedi 27 Septembre 2008
9 heures parc de la Victoire : enregistrement des dossards et photo de la "Famillau". 9 h 30 : départ fictif au son de la fanfare pour rejoindre le centre ville. 10 heures : coup de pistolet …
Première surprise, l’allure de départ est lente….cela m’arrange ….à croire que je ne suis pas le seul diesel ! Mais je suis tout de même "assez contrarié". Il me faudra 5 km pour retrouver mon meneur d’allure.
Un mot sur les meneurs… Cela permet de courir à un rythme régulier, et dans un petit peloton. Par contre, les arrêts sont très bref au ravito. Un conseil: il serait préférable dans ce cas d’avoir son accompagnateur vélo.
Ce 100 km démarre par 3 km de voie rapide jusqu'à Aiguesac, point de rendez-vous avec les accompagnateurs vélos. A partir de là, le peloton double de volume. Les grincheux diront: "c’est le bordel…". Moi, je dirais: "c’est super conviviale". Le parcours se déroule sans problème, jusqu'à l’entrée des gorges du Tarn. Après c’est déjà le retour du marathon, et là …. C’est de la montagne russe pendant 15 km… Certes, les plus costauds diront: "c’est tout plat !"
Km 35: notre meneur abandonne, problème à une cheville. ( Voir dans Aventure humaine, l'homme qui à vu l'ours) Au pied levé, Stéphane le remplace, admirablement bien ….juste le temps de recaler le rythme.
Pour remonter au parc, le profil est en faux plat montant…. Alors je prends un peu d’avance sur mon groupe lors d’un ravito, pour gérer ce secteur, mais surtout afin d’avoir le temps de faire l’échange de ma poche d’eau. Repartir, n’est pas si dur que cela. "En fait, je suis ici pour ça.... dépasser l'impossible...et devenir un ultra fondeur" et puis pas le temps de se poser des questions : ce qui va suivre est sans appel :
Km 45, sortie de Millau, déja Creissels et sa fameuse côte du viaduc, 1 km à 8% ... C’est le premier secteur où tout le monde marche.
Km 50, souriez … Photo officiel, avec le viaduc en toile de fond.
Descente de St Georges …ouille…ouille … mon genou gauche n’apprécie pas du tout.
4 km de plat le long du Cernon …portion difficile à gérer ….l’esprit étant déjà "ailleurs".Certain vous diront: "le must du 100", la côte de Tiergues … 3 km … je la passe en courant à 70% un vrai régale, j’ai l’impression d’être un extraterrestre …et encore si je marche, c’est plus par culpabilité !
Descente de St Afrique… Impossible de dérouler la foulée. Et dire qu’elle était passée comme une lettre à la poste, lors de mon repérage... en août.
Petit "cafouillage" à St Afrique, pour récupérer mon sac. Je loupe Stéphane, qui était juste derrière moi. Je rentrerai seul.
Le retour commence par 6 km de montée …"Ca sera du Cyrano"…. Je veux soulager mon genoux.
La descente de Tiergues, c'est mon genoux qui commande alors je prends mon mal en patience…
A partir de St Rome, la nuit commence à tomber. Où sontles 1568 participants ? Je me retrouve seul …le long du Cernon …de temps en temps je croise des concurrents en sens inverse…J’ai mal pour eux ! .Durant 4 km, que du bonheur. Seul sur ce magnifique macadam, pas un bruit… Je m’amuse à couper ma frontale… voir même à courir en fermant les yeux… Mais "peur de m’endormir", je ne tente pas trop longtemps l’expérience ! La déconnexion totale… Je coure à ce moment là sur une autre planète …et St Georges arrive.
Un final de rêve: où l'image de ces 100 bornes
Je vous dresse le tableau : nous sommes le 27 Septembre 2008, devant moi, les 2 derniers kilomètres de montée de la journée… La nuit est tombée depuis environ 45 mn. Maintenant il fait nuit noir... Avec ma frontale je balaye le côté droit de la route …et je peste, je râle …car je n’ai pas d’énergie à gaspiller inutilement….à chercher ce « putain de panneau, km 90 ». A ce moment de la course, je ne sais plus si je suis réveillé ou dans un rêve. Je suis une vrai mobylette, je fonce sur les points rouges ! Je rattrape mes adversaires un par un…et je commence à me poser des questions : mon coca café de St Afrique en serait-il l’origine ?
Bien sûr l’arrivée… est proche… Bien sûr j’ai beaucoup marché dans les descentes… à cause d’une douleur aux genoux à partir du 50ième km. Donc je n’ai pas les « grosses cuisses ». Et si c’était l’alchimie de plusieurs événements dont celui qui suit.
Petite devinette : ils sont au nombre de 7,
Chaque foulée que je réalise me rapproche de ce numéro. Sauf que entre chaque chiffre, c’est de longues secondes voire des minutes qui s’écoulent… La mobylette commence à avoir quelques petites ratées. Le spectacle est au rendez-vous ! Les éclairagistes sont à leur poste…Ah que j’envie à ce moment les possesseurs de MP3, pour un «son & lumière» inoubliable.
Il s’est habillé de ses plus beaux habits. D’ailleurs c’est comme cela tous les jours. Au fil de ma progression, je compte ses piliers 1, 2, 3... Au 7ième, je suis sur le replat, il est à moi tout seul, je mesure ce grand privilège, je suis en admiration devant ses jeux de luminières: "la référence architecturale du début du XXIe siècle", Le viaduc de Millau.
Fin,