En route pour l'ultra....
Comment bien préparer un 100 km ? m’aligner dans une épreuve « dite horaire ». Pour ses avantages, des heures passées à « avaler » du bitume. Faire abstraction à tous ses petits grains de sable parsemés le long du trajet : passage à vide, monotonie d’un circuit, la lassitude étant un ennemi venant tôt ou tard. Pas de kilométrage défini à l’avance, mais une durée de course bien défini. Tout le monde arrive en même temps, les premiers comme les derniers…Vous en connaissez beaucoup des comme ça ! Alors : adieux à mon marathon du Mont Blanc 2008. La planification d’une saison d’ultra est indispensable, ainsi que l’élaboration de ses objectifs. Un ultra par semestre me semble très raisonnable. Se donner le temps d’une prépa minutieuse tout en Se donnant des délais nécessaires à la récupération. La tentation est grande : Marathon, trials, 100 km, courses horaires de 4 h à 24 hrs, courses par étapes. Un panel propre à cette discipline.Attention, la gourmandise conduit à l’indigestion !
Samedi 27 Juin 2008
J'arrive un peu à la « bourre » à 15 heures et ma première priorité est de trouver le meilleur endroit pour placer ma voiture, car elle aura un rôle déterminant durant l’épreuve…ça sera mon stand de ravitaillements bis. Le ravitaillement officiel se fait sur la ligne d’arrivée ainsi que le comptage des tours. 15h30 Tour de reconnaissance en marchant, le parcours jongle entre l'extérieur et l’intérieur d’un petit parc. Le circuit mesure 1268 m et s’annonce très éprouvant quatre montées nous attendent de 30 m,10 m, 60 m et 20 m, descentes quasiment équivalentes et pour couronner le tout un petit passage trial, je ne compte pas les descentes de trottoirs voilà pour le cadre.
16 hrs pétante, le départ est donné. Je laisse Villemenot Roland : Ex : champion du monde du 100 kms et comparses se bousculer au 1er portillon. Le nombre de participant étant d’une trentaine, je me place en queue de peloton, n’ayant pas de repère sur une telle épreuve. Alors j’opte pour cette méthode que je juge : anti-stress, anti- panique ou anti- Titanic…bref je démarre en sénateur. Aspect non négligeable les encouragements dur déjà plus longtemps, et au lieu d’être doublé je remonte quelques concurrents c’est bon pour le moral. Je finis par atteindre ma vitesse de croisière normal le lac de Genève est à deux pas !
Dans ce premier tour je me cale dans la foulée d'un concurrent qui me semble expérimenté, et qui téléphone à sa femme;" chérie j’ai oublié " et la liste est longue ce qui m’arrange pendant ce temps il n’allonge pas la foulée. Il est très perturbé par ses oublies. C’est en binôme que se passe cette première heure : 7 tours x 1 268 m = 8876 m. Je devrai être rassuré et ce n’est pas le cas, mon compagnon commence à accélérer trois fois rien, mais j’ai le souffle coupé fait rarissime. Je paye mon arrivée un peu tardif mon rythme cardiaque n’est pas redescendu. J’ai pris le départ avec une ceinture porte bidon et je ne supporte pas. Alors pourquoi ? Ce 6 heures se déroule par une forte chaleur, il y a un seul ravito et un gobelet toutes les 8/9 minutes c'est insuffisant …d’autant qu’il faut consommer sur place, impossible de repartir avec son verre, d’ailleurs à la fin ceux-ci auront notre n° de dossard …les temps sont très très dur !
Je ne suis pas à la noce ! J'ai laissé partir mon compagnon ou lui ne m'a pas attendu ? Que déjà de mauvaises idées commencent à hanter mes pensées ! Le moteur est bridé par une petite douleur derrière la cuisse à chaque fois que je force dans les petites bosses où dans les descentes, je ne suis pas à la noce et déjà je commence à me demander ce que je vais aller « foutre » à Millau. C’est dans la douleur que se termine cette deuxième heure : 14 tours x par 1238 m = 17.752 dans la musette.
La table de pointage et l’arrivée se trouvent dans un complexe sportif, allée de 150 m, avec une bonne épaisseur de gravillons. Pour ressortir deux tourniquets nous attendent suivi d'une petite virée de 250/300 m sur le trottoir bien à l’ombre, seul passage où j’arrive à tout relâcher …c’est peu. A ce stade de la course je sais que seul le mental sera mon allié puisque le corps proteste. Premier déclic à la mi-course mon premier sauveur arrive et en un quart de seconde je me dis :" il ne te reste plus qu’à refaire un copier/coller ". Depuis le départ je me suis bien alimenté, le faite de disposer de ma voiture sur le bord du parcours est un plus indéniable, 45 secondes suffisent pour récupérer les petites bouteilles dans la glacière car j’ai abandonné ma ceinture impossible de m’y faire.
En attaquant cette 4 ième heures, je ne parierai pas un centime d’euro sur ce cheval ! Et pourtant je suis depuis le départ sur une base de 7 tours à l’heure, mais cette impression de ne pas avancer vient que je suis régulièrement dépassé par des extraterrestres.
Retour dans le parc, de nouveau un tourniquet et le premier dénivelé d’une trentaine de mètres assez violent, suivi d’une petite descente en dévers dans la pelouse. Pour corser le tout des racines jonchent le sol : c’est la partie trial. Virage à droite, 100/150 m et de nouveau nous sommes à l’extérieur du parc. Le temps de contourner un gymnase et un bâtiment qu’une nouvelle entrée dans le parc se présente, Deuxième dénivelé 10 mètres à 10%, un vrai casse patte. La traversée du parc commence par un cliché fort sympathique : Un commerçant ambulant propose ses glaces et gaufres pour la plus grande joie des enfants de quoi vous mettre les « boules ».
En point de mire depuis déjà un certain temps je reviens mètre par mètre sur celui qui sera mon sauveur : Dominique qui réalise ces 6 h en marchant Arrivant à sa hauteur nous échangeons quelques mots cela durera de la 4ième à la 5 ième heure.Nous formons un binôme atypique nous évoluons à 6.5 / 7 km/h. Ma moyenne est en chute libre, un rapide calcul à une heure de l’arrivée me fait craindre que mon objectif de dépasser les 50 km ne sera pas atteint.
Revenons à mon commerçant ambulant et son camion buvette, petit faux plat descendant d’une vingtaine de mètres juste le temps d’embrayer pour le grand prix de la montagne …150 mètres sur une allée où il faut regarder ses appuis, de nombreuses souches ‘balisées » obligent à des efforts suppl'. Petite descente de 100 m, pour plonger droit sur les bassins et les derniers 50 m de faux plat montant pour ressortir par l’entrée principal du parc.Descende de trottoirs, sortie d’immeuble et sprint final dans l’enceinte du complexe sportif.
Sur le conseil de Dominique j’accélère dans la dernière heure, cette temporisation m’a été salvatrice et génératrice je retrouve toutes mes sensations et ma douleur s’estompe devant l’euphorie, l’excitation d’un succès acquis à l’arraché, je récupère mon numérique pour immortaliser mon passage sur la ligne d’arrivée. Il est 22 heures je viens de boucler mon premier ultra, le tableau d’affichage indique 8 ième en 50,750 km